Combien peu partent pour partir ? Un voyage est toujours un prétexte. Alors, il apparaissait inconvenant de faire mentir François Mauriac. Se détendre, prendre l’air, errer sans peine, oublier le temps qui passe trop vite peuvent-ils s’inscrire dans la lignée des prétextes ? C’est à craindre, qu’en pensez-vous ?
Sortir, pour contempler, la grisaille d’une ville endormie par l’automne, ou constater une nouvelle fois le conformisme, notamment vestimentaire des populations urbaines, ces quêtes écrasent les consciences. Il fallait chercher autre chose, partir pour partir, sortir pour sortir et plus rien, uniquement la ville et ses habitants, ses fantômes, peut-être, son omniprésence dans laquelle ces reflets déformés, témoignages d’un environnement oppressant pour l’homme, mais aussi pour la femme, modifient les rapports à l’autre.
Alors que dire, que faire, avancer, toujours avancer. Il serait vain de lutter tant le monde, celui peuplé de gens nés tous différents, participe à ce théâtre urbain à ciel ouvert où chaque habitant joue un scénario dont il serait lui-même le héros à son insu. Cette scène aux protagonistes inconnus, sans visage, mais présents, trouve son originalité dans sa banalité, elle n’appartient à aucune ville puisqu’elle se vit dans presque toutes les cités modernes. Ne manque-t-il pas alors, le décor des magasins habituels accueillant les badauds de Vienne à Athènes, ou de Madrid à Paris ?
Il est curieux de constater l’universalité de la ville par l’uniformisation, des vêtements, des attitudes, des quêtes. Pourriez-vous reproduire la même photo, la même atmosphère, le même témoignage, sans aucun doute à l’image de l’homme ? Elles seraient distinctes, mais semblables. Il convient d’interroger la destination de la ville et de l’homme, est-ce la ville pour l’homme ou l’homme pour la ville, qui dirige qui, qui est au service de qui dans cette nouvelle ère ?
Personnifier la ville, la rendre vivante ne représentent pas une nouveauté, ses reflets sont mouvants, elle vit le jour, elle dort la nuit, elle se construit au gré des influences et partage quelques caprices. Alors pour autant, vit-elle pour elle-même? Sa croissance, son emprise, son insouciance témoigneraient-elles d’une peur existentielle de disparaître ?
Un de ces dimanches
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- By Pascale et François Latouche
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C’était l’un de ces dimanches sans perspective particulière à part celle d’attendre un lundi inespéré, rester et vivre chaussé de pantoufles une journée ne constituait pas un enchantement.
