Drapeau rose, un essai d'oxymore

Elle espérait, tout un peuple avec elle ne vivait que pour cela, la paix, la sérénité, la tranquillité réconfortante d’une nation respectée dans son territoire, son histoire.

a rose in the sky (COVID-19 demonstration Vienna)

Tant de grandeur et de force révélées dans la fragilité des pétales d’une rose, dans les effluves qui nous enivrent, en fermant les yeux, le temps de l’oubli furtif d’une réalité inacceptable.

Coupée, elle repoussera si belle, si gracile pour nous rappeler l’essence même de notre vie, de notre existence. Si elle montre la volonté de paix, elle ne peut constituer qu’une velléité face à la volonté belliqueuse de l’homme, l’envie de conquérir, de compenser l’être unique par le tourbillon déconcertant de l’avoir, par l’ivresse grisante de la conquête.

Loin devant, portés bien haut pour être vus, ils formaient cette association antithétique, presque un oxymore illustré côte à côte, drapeau et rose, blanc symbole d’un certain nationalisme attaché à la représentation de la pureté de l’amour quand elle est blanche. Au loin, dans ce défilé d’un peuple dans son bon droit, il apparaît étrange de brandir la cause évidente de nombreux conflits, le nationalisme, collé à la représentation de la paix. Cependant, la rose domine, pointe vers le ciel tel une lamentation silencieuse comme l’espoir de lendemain sans douleur.

La naïveté et l’optimisme demeurent des qualités essentielles à la vie quotidienne et à la construction d’un autre futur dans lequel la nation sera le lieu de croissance des roses blanches laissées au sol, où il ne sera plus nécessaire de les couper pour montrer l’espérance qu’elles portent. Une mise au point photographique d’une seconde, sur cette paix qui s’élève telle une colombe, entourée d’un flou assumé, témoignage d’un monde en constant changement, en pleins troubles, dont il ne parviendrait jamais à se départir ; ou bien est-ce le signe de la suprématie de la nature sur l’homme ?

La nature crée et s’évertue dans la beauté alors que l’homme crée peu durablement ou s’essaye aisément à la laideur. Dominant, magnifique, inspirant, ce symbole naturel, fragile, mais indispensable à la vie (qui peut vivre sans amour), nous indique un chemin difficile, mais possible ?