Saison 3, la fin?

L'époque est propice aux séries à succès.

a blurred lady walking on the street (COVID-19 time in Vienna)

La saison trois s’achève. Avec elle, une phase de répit en attendant la prochaine vague, ou peut-être pas. Bien malin qui pourra le dire. En bons surfeurs, il ne nous reste plus qu’à scruter l’horizon et à attendre, bien calés sur notre planche, le buste redressé, dans le
« flow ». Ne penser à rien, dans le « flow ».

Les hésitations de nos hommes politiques, les aberrations des décisions prises parfois, les frustrations que nous avons ressenties, les êtres chers que nous avons perdus, les injustices qui ont frappé comme frappe le sort, l’emprisonnement dont nous avons été les victimes, ce besoin de liberté, ce besoin de laisser nos jambes marcher pour s’échapper, emportant au loin nos esprits à nouveau rebelles. Un retour de jeunesse ? Ne plus rien penser, extase du « flow ».

Alors, allons, allons marcher ensemble pour ou contre, mais ensemble. Ensemble ? Je ne sais. Chacun perdu dans sa solitude et ses peurs ancestrales. Ensemble pour faire le poids, pour faire plus de poids face à ce sort qui semble s’acharner. Ensemble ?

Ne plus rien penser, dans le flot, la houle qui soulève notre planche de surf et l’entraîne au gré des courants.

La saison trois s’achève. Sans cette « vague épidémique » et sans votre soutien inconditionnel, ces trois saisons n’auraient pas été, ne seraient pas.
Femmes, hommes, pandémie, même combat, une trilogie, un essai de résistance contre l’absurdité de la vie, un combat contre la fragilité de l’être, l’incommensurable fragilité de l’être, ou, comme le dirait M. Kundera, « L’insoutenable légèreté de l’être ».

Cette pandémie nous met face à nous-mêmes, nous met face à la question du sens, du sens de la vie et du sens de l’instant. Donner un sens à l’instant, arrêter le mouvement, s’abandonner au roulis de la houle, attendre sans rien en attendre.

La vague viendra, une vague viendra, puis une autre vague. Ainsi va la vie, ainsi coule le temps.

Nous nous retrouverons bientôt, au gré des courants, sur un autre récif, battu par les vagues.

Nous attendrons que la mer se gonfle et donne naissance à un de ces rouleaux dont elle a le secret,
le tube des surfeurs, lorsque tu sais, l’océan t’entoure de tous côtés et que tu te glisses, tu glisses, tu surfs, protégé par ces murs d’eau en mouvement, par cette mer protectrice, perdus dans l’instant,
le « flow ».

Quelques secondes hors du temps, qui durent une éternité, l’éternité de l’instant qui s’étire à jamais. Quelques secondes qui nous ont fait espérer vaincre la mort, vivre à jamais. Et puis tu t’écroules, tu tombes de ta planche, ton corps a cédé.

Voilà, le jeu est joué. La vague t’emporte, petit fétu de paille. Elle joue de toi, ton corps coule, le fond marin t’appelle et tu rejoins la houle, dans ce mouvement perpétuel, un instant d’éternité.

Merci de ce cadeau, merci et à bientôt.

Editor
I am the editor of the Open-borders magazine. I have also written Dictatorship of Experts.