Effrayée ?

Qu’est-ce qui nous interpelle ?

Femme âgée avec manteau en fourrure

Son regard effrayé de cette dame ou notre propre regard sur elle ? Quelle est la source du malaise ? De l’interrogation ? Est-ce la peur dans le regard ou l’accoutrement quelque peu excentrique, ces bijoux, ce maquillage, ce mouvement de la tête ? Quelle est l’angoisse qui nous tenaille ? Est-ce celle de l’âge, du manque de jeunesse, de la vieillesse, de la mort ou celle de ne pas correspondre aux attentes, aux normes, aux idées reçues et préconçues qui se rattachent à notre être ? Sommes-nous ce que nous paraissons ? Qu’est-ce qui fait de nous des êtres intéressants, dynamiques, vivants ? Notre apparence, notre comportement, nos idées, nos sentiments, la vitesse de nos déplacements? Qu’est-ce qui nous rattache au monde? De quel monde parlons-nous? Des communautés aussi diverses que nombreuses ou du grand monde pour lequel il nous manque tout entendement tant que nous n’y participons qu’à travers des images aussi surréalistes qu’étrangères? En ce temps de pandémie la question de savoir à quelle communauté nous appartenons devient le maître mot, la question d’importance, car elle définit l’environnement dans lequel nous pouvons évoluer, rencontrer, regarder, parler, penser…

Notre liberté est étroitement liée à l’angoisse, celle de correspondre aux normes, de vivre la responsabilité civile, mais également celle de suivre les ordres donnés, de s’y soumettre et de s’y adapter avec souplesse, bienveillance, respect. Ainsi nous sommes confrontés à l’angoisse que peut provoquer, l’isolement, le manque de stimulations en tous genres, la déprivation. Cette angoisse est devenue « populaire » dans une population dite « normale » qui se plaît à exclure, stigmatiser, se moquer, s’étonner, de toutes ces personnes qui souffrent depuis trop longtemps de leurs angoisses « anormales » dites « différentes ».

C’est donc une question normative, de critères et d’évaluations liée à un mode de fonctionnement. Est-ce que nous faisons encore la différence entres les souffrances dues au sentiment de solitude ou à la privation de plaisirs de divertissement ? Est-ce la peur d’être séparé des autres ou celle de nous retrouver enfermés en nous-même ? Dans un monde devenu immobile et silencieux il nous manque la résonance, les halos et les échos qui prouvent notre existence.